Thursday, April 19, 2007



2007-03-30 De Holguin à Gibara: 35 km

Température: beau soleil, vent de face.

Pas de moustique cette nuit mais réveil très tôt au chant des bébés qui pleurent et et au tam-tam des petits enfants qui courent dans la maison d'à côté ou du dessus, je ne sais pas. Les camions aussi se sont mis de la partie. On déjeune dans la cuisine même de la maison. Bol de salade fruits. Je n'ai jamais mangé une aussi bonne papaye, avec bananes et ananas. Puis, omelette, pain sec comme il se doit et gelée de goyave délicieuse, terminé par un café au lait. Proprio super gentil, il réserve pour nous à la casa "Vitral" à Gibara. On part dans la tohue de la ville. Rues étroites à sens unique où les vélos sont aussi importants que les autos sinon plus. On débouche sur une artère qui nous sortira de la ville. C'est comme une piste à obstacles entre vélos, camions, charrettes à cheval, autobus, piétons, auto, motos, bicitaxi, etc. On passe devant la seule fabrique d'orgues de Cuba. Il faut le savoir, devanture de rien du tout. Ils en font environ huit par année. Ils font aussi des guitares et autres instruments de musique.

Ouf! Sortis de la ville. Belle campagne valonneuse. Il me semble qu'on descend plus qu'on monte. C'est agréable. Je me sens plus à l'aise aujourd'hui sur mon vélo. Le vent de face fait contrepoids au soleil pour nous protéger de la cuisson. Belle photo d'une école rurale avec un cheval stationné en avant. C'est le prof ou un élève qui est venu à l'école à cheval?

Une longue descente serpentine nous emmène au bord de mer par où nous entrons à Gibara, petit port de mer qui a déjà été fameux. Une des plus vieilles villes des Amériques. Cristophe Colomb serait arrivé tout près d'ici. On devine très vite qu'elle a déjà été riche par son architecture coloniale. Elle dégage cependant un aura post-apocalyptique. De belles demeures délabrées, sans fenêtre, parfois sans toit. Des fontaines sèches à moitié mangées par le sel marin, des aménagements paysagers qui se devinent, laissés à l'abandon, un théâtre en plein air décrépi, etc.

On trouve facilement la casa Vitral. L'intérieur fait contraste avec l'extérieur. Bien entretenue, immense, meubles d'époque. On ne peut pas nous recevoir, la maîtresse de la maison est malade. On nous réfère à une autre maison. Le proprio vient nous chercher. Tourne à droite, à gauche, à droite, où sommes-nous? Ah! La mer est là au bout de la rue, bon point de repère. Ici comme ailleurs, on ne peut pas prédire ce que l'on trouvera à l'intérieur de la maison en se fiant à sa façade. C'est tout à fait vrai le dicton:"L'habit ne fait pas le moine!" en ce qui concerne les maisons de Cuba. Belle coloniale, haut plafond en bois laissé au naturel, murs blancs, richement meublée, jardin intérieur, dentelles.

Après une douche chaude dans une immense douche de céramique blanche, nous partons à la découverte de Gibara à pied. On prend le dîner aux crevettes au resto El Faro avec vue sur la mer. Plusieurs touristes venant d'un club tout compris de Guardalavaca sont venus manger ici. On dirait un groupe de prisonniers ou de malades en sortie spéciale. Ils sont tous identifiés par un bracelet de couleur, au cas où ils se perdent? Une sorte de troupeau guidé par des guardiens cubains. Ils sont bien sages et dociles. Ils retournent aux taxis sans rouspéter. Je me sens tellement libre à côté d'eux. Tout est une question de point de vue (j'ai déjà porté ces bracelets sans me sentir ni prisonnière ni malade pourtant).


Au bord de l'eau, deux garçons multiplient leurs prouesses dans un kayak, bien conscients du regard amusé?, intéressé?, admiratif? de trois jeunes filles.


Visite du petit Fort en restauration sur le bord de la mer. Petit pont levis. Charmant! Ensuite, les parcs de la ville et l'Église. Les arbres africains d'où pendent de gros fruits en forme de pénis. Quelle honte devant l'église! Puis, on monte au Mirador où se trouve la forteresse en ruine. Une petite bière au vent en admirant la ville, les moutons sur la mer, la bateaux épaves tout rouillés. Deux petites filles de 8 ans me demandent crayons et cahiers. Dommage, je n'en ai pas. Elles me rappellent Agnès et Alex au même âge. Mêmes rires et regards espiègles. Des chèvres en liberté sautent le parapet. Un homme se découpe des semelles de souliers en carton. Deux couples se promènent en buvant du rhum pur à la bouteille.

On redescend, visite de musées: histoire naturelle et arts décoratifs. Le premier est le leg d'un cubain qui a étudié aux États-Unis. Il était denturologiste et taxidermiste. Cherchez le rapport! Son leg: collection d'oiseaux empaillés, tortues, coquillages, poissons, papillons, minéraux, allouette! Le deuxième: ancienne demeure d'un riche commerçant espagnol. On y trouve de la porcelaine de Limoges, vase en cristal de Bohème, chandelier en Murano, meuble de toilette en marbre de Carrare, vaisselle d'Angleterre, de France, mobilier de style Médaillon, Roccocco, statues en porcelaine de Paris. Les plafonds immensément hauts, percés de trous tout autour pour laisser échapper la chaleur, portes dont le haut sclupté ne va pas jusqu'en haut pour permettre une bonne ventilation entre les pièces. Dans la cuisine: meuble réservoir d'eau , 5 ronds de poêle chauffés par des chaudières de charbon; un filtre à eau en grès, l'eau se filtrait et refroidissait en traversant la paroi poreuse, recueillie dans une jare de grès étanche. Il y avait même un jardin intérieur avec rigoles pour amasser les eaux de pluie. Quelques proprio se sont succédés puis l'État a confisqué la maison et en a fait un musée.

Ballade sur le malecon, muret qui protège des vagues de la mer. Deux statues se font de l'oeil près de la mer. Une femme entièrement nue nono identifiée et un homme, un soldat en uniforme, casque, pistolet, machette, carabine et cigare avec écrito le louangeant. Interprétations libres!

Retour à la casa. On a droit à un souper gastronomique préparé par un vrai chef cuisinier (2 ans de cours à Holguin, 6 ans de travail aux hôtels de Guardalavaca); espadon (aguaja), congri, salade, etc. dans une belle petite salle à manger (comedor). À la fin du repas, on pique une bonne jasette avec le cuisinier et les propriétaires, Roberto et Norkis. Je réussis à parler un peu et je comprends beaucoup. Greg commence aussi à comprendre. Leur garcon est médecin à la Havanne, leur fille est psychologue au Texas, lui a été professeur. Maintenant, il travaille avec sa femme pour l'église Adventice. Ainsi, ils ont pu voyager dans plusieurs pays, invités par l'église. On parle des avantages et inconvénients du système de Fidel. Ils y trouvent plus d'avantages que d'inconvénients même s'ils s'ennuient de leur fille. Elle ne peut venir les visiter qu'un fois aux 3 ans.

1 comment:

tom-francoise said...

T'as l'air d'une jeune fille sur les photos, j'espère que c'est génétique!

Françoise